Avec environ 4 000 entreprises et 200 000 salariés rien qu’en Île-de-France, la propreté est un secteur clé d’un point de vue social et une activité essentielle pour le bon fonctionnement de l’économie. La FEP Île-de-France, qui fédère près de 700 entreprises adhérentes, représente à elle seule près des trois quarts du marché régional. Elle assure à la fois un rôle de représentation institutionnelle et un appui opérationnel auprès des acteurs du secteur. Marc Guerrien, son Délégué Général, décrypte pour Coffreo les enjeux RH actuels et à venir du secteur.
Le secteur de la propreté souffre-t-il de difficultés de recrutement et de fidélisation ?
C’est en effet un enjeu important. On est sur un secteur qui est en croissance continue depuis de nombreuses années, qui relève du domaine des services et nécessite des besoins importants en main-d’œuvre. On assure la propreté des bureaux, des immeubles, des industries, des commerces, des hôpitaux, des transports… Bref, de tous les lieux de vie et de travail essentiels.
Mais les clients, publics comme privés, ne reconnaissent pas toujours suffisamment la valeur et le savoir-faire technique des services de propreté et d’hygiène : ils n’ont pas toujours le consentement à la dépense qu’ils devraient avoir pour payer ces prestations. Certes, le salaire minimum de branche est supérieur au SMIC, mais on reste sur des activités à forte intensité de main-d’œuvre encore trop souvent perçues comme peu qualifiées et à faible valeur ajoutée.
Du coup, l’attractivité est un vrai sujet, notamment auprès des jeunes. La branche déploie des efforts importants pour les attirer, aussi bien sur les postes d’agents que sur les postes d’encadrement.
Quelles actions sont mises en place pour renforcer cette attractivité ?
On agit sur deux fronts. D’abord la forme, avec des campagnes de communication, des interventions dans les lycées, de l’affichage, des médias, etc. Il s’agit de montrer que la propreté et l’hygiène est un beau métier, noble, dont la vocation est d’assurer le bien-être, le confort et la sécurité sanitaire de tous, et que le secteur est un contributeur essentiel au bon fonctionnement de l’économie et de la société.
Et ensuite, le fond. On fait évoluer le contenu des métiers, on accompagne l’émergence de nouveaux process et services, on développe la formation et les savoir-faire, pour rendre le secteur plus attractif. Il faut sortir de l’image erronée qui amalgame professionnels de la propreté et simple ménage domestique. Il y a une vraie technicité dans ces métiers : bon gestes, maniement des produits, machines, efficacité, inscription dans les enjeux de la transition écologique. C’est de moins en moins fastidieux.
Assurer la propreté et l’hygiène des locaux n’est pas la « corvée » fastidieuse que certains imaginent encore, pensant que n’importe qui pourrait s’en charger, et donc qui n’aurait pas vraiment de valeur. C’est un véritable métier, exigeant des savoir-faire importants pour répondre notamment aux enjeux environnementaux de plus en plus prégnants.

Quels sont, selon vous, les grands leviers d’évolution du métier ?
Je dirais qu’il y en a trois. D’abord, l’aspect technique, lié à la transition écologique, avec l’émergence de produits et process qui permettent de limiter l’impact environnemental des prestations, et même d’avoir des impacts positifs.
Ensuite, la dimension servicielle. La propreté, ce n’est pas juste un acte technique, c’est avant tout un service, délivré par des êtres humains pour d’autres êtres humains, avec donc une dimension relationnelle qui joue sur le bien-être au travail de ceux qui délivrent ce service, et sur la satisfaction de ceux qui en bénéficient. Les agents sont au service des usagers, ils interviennent souvent en coprésence. Ça demande des soft skills, des qualités relationnelles qu’il convient de cultiver et développer
Et enfin, il y a toute la transformation numérique du métier. Bien sûr, sur toute la dimension back office (progiciels, etc.), mais on la voit aussi sur la partie cœur de métier, où arrivent des machines plus performantes, mais aussi des robots nettoyeurs mobiles, capables d’intervenir sur de grandes surfaces comme les plateformes logistiques, mais aussi dans des environnements plus complexes. À cela s’ajoutent des capteurs IoT (fréquentation, satisfaction, etc.), qui permettent d’ajuster les prestations aux usages réels. Même si ces outils ne sont pas encore adaptés à tous les sites, ils transforment les pratiques et appellent de nouvelles compétences.
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Qu’est-ce que la coprésence change dans l’organisation du travail ?
Historiquement, dans les bureaux par exemple, on intervenait en horaires décalés : tôt le matin ou tard le soir. Aujourd’hui, on est de plus en plus présents en même temps que les usagers.
Cela crée plus d’interactions, ça permet aussi d’identifier plus vite les besoins (voir ce qui doit être nettoyé ou non, notamment). Cette présence visible renforce aussi la reconnaissance sociale des agents et permet de faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Lorsque le travail se fait en journée, les usagers voient les agents, les croisent et prennent conscience de ce qui est fait. Des relations sociales peuvent aussi s’établir, ainsi que des rapports plus coopératifs. Les usagers les voient, les croisent et se comportent plus respectueusement. Il y a une forme de réhumanisation du métier qui est précieuse, autant pour l’agent que pour les usagers bénéficiaires du service au sein de leur environnement de travail.
Ça peut aussi créer des opportunités pour proposer des services plus pertinents, ou identifier de nouveaux besoins de services associés. Par exemple, signaler une vitre cassée, un store abîmé, etc. Il faut avoir de l’à-propos et ça, ça valorise beaucoup plus le métier.
Les entreprises accompagnent-elles suffisamment les agents dans cette transformation ?
Certaines développent leurs propres formations en interne. Par exemple l’INHNI propose des modules techniques et sur les attitudes de service en coactivité/coprésence.
C’est relativement nouveau, mais ça devrait se développer fortement. Par ailleurs, à partir de septembre 2025, des formations spécifiques sur l’usage de l’intelligence artificielle dans le secteur vont être mises en place. Le sujet peut sembler encore prospectif, mais en réalité les besoins sont déjà identifiés, une centaine de cas d’usage différents de l’IA dans les entreprises de propreté a été recensée. Ces actions montrent que le secteur anticipe activement les mutations à venir.
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Ce qu’il faut retenir
Le secteur de la propreté évolue : plus technique, plus écologique et plus humain. Pour attirer et fidéliser, les entreprises doivent investir dans les compétences, la reconnaissance et la valorisation, ainsi que dans l’expérience salarié et l’expérience usager.
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